Après unanatahiti, voici omalareunion : les nouvelles aventures des quinquas sous les tropiques...
Après une impression générale sur Bird Island dans l'article précédent, je viens vous présenter nos compagnons de séjour pendant cette semaine extraordinaire en marge de la folie du monde..
Pour info je puise mes renseignements sur deux sites d'ornithologie où vous trouverez si ca vous amuse bien plus d'infos : oiseaux.net et oiseaux-birds
Le premier oiseau qui s'impose à vous dans la végétation tropicale de Bird Island est le Noddi brun, de par le nombre (ils sont des milliers..), le bruit jour et nuit auquel on s'habitue rapidement(certains cris rappelle un peu ceux des corbeaux) et de par leur absence totale de défiance vis vis des humains, nichant jusque sous le mur du bungalow...
Cet oiseau marin niche par colonies de milliers d'individus dans les iles tropicales ou on lui fout la paix (c'est à dire où il n' y a pas de chats ni de rats..) .. et reste relativement sédentaire (contrairement aux autres, on le verra !).
Il se nourrit de petits poissons en surface sans plonger, et cohabite avec d'autres espèces comme les sternes car il n' y a pas de compétition alimentaire (ils pêchent près des côtes et les sternes, elles, se nourrissent au large..)
En l'absence de prédateur il peut se passer de sa tendance habituelle a faire des nids dans les arbres (où les places sont chères, vu leur nombre !!) et il peut nicher à même le sol comme ici a proximité immédiate du bungalow.. en décourageant bruyamment les intrus de s'approcher trop près du petit !
L'oisillon est toujours accompagné d'un des deux parents qui se relayent auprès de lui, viennent régurgiter la nourriture pour lui... et l'engueule bruyamment s'il a tendance a se balader trop loin !
Une autre espèce de Noddi a attiré notre attention (pensez.. le Noddi Marianne, c'était obligé..) : proche parent du précédent, et assez spécifique de l'Océan indien alors que le Noddi Brun se trouve dans toutes les régions tropicales, il en a de grandes similitudes de comportement et ils cohabitent ensemble à Bird Island
La grande question est.. de les différencier !
Pas facile : le Noddi Marianne est plus petit, plus élancé.. et un peu plus clair.. mais c'est délicat : le plus sûr est que la zone gris clair sur la tête se poursuit en avant jusque sous l'oeil, alors que pour le Noddi brun, il y a une barre noire en avant de l'oeil (si vous remontez voir les photos précédentes... )
Leur vol , qualifié de "lourd" sur les sites d'ornithologie nous a paru pourtant bien gracieux...
L'autre vedette de l'île est la sterne fuligineuse.
Déja pour ceux qui se disent .. ça veut dire quoi, fuligineuse ? Et bien, ça fait référence effectivement à une autre époque (où on se chauffait au charbon) : fuligineuse ça veut dire.. couleur de la suie ! pour décrire la partie noire de leur plumage
Bird Island est célèbre pour sa colonie de sternes fuligineuses qui viennent se reproduire par dizaine de milliers de juin à octobre.. il y en a tellement que l'île fait un petit commerce de leurs oeufs sans compromettre la démographie de la colonie !
On était donc à la fin de la période et la plupart étaient reparties : il ne restait que quelques milliers d'oiseaux en quelques colonies dans un coin de l'île bien précis où elles reviennent fidèlement chaque année nicher à même le sol
C'est que les sternes fuligineuses sont de très grandes voyageuses.. Après la période de reproduction.. et avant de revenir l'année suivante... elles passent des mois (oui.. des mois !) en vol en plein océan.. sans jamais se reposer sur terre (sauf au en cas d'ouragans...) et en dormant par petites périodes .. en plein vol !
C'est donc uniquement en période de nidification qu'on assiste à des conciliabules sur la plage mais sans s'approcher trop près car contrairement aux noddis , elles s'envolent bruyamment si on s'approche au delà de la distance règlementaire !
Avant de partir pêcher au large à la surface de l'eau , contrairement aux autres sternes qui plongent dans l'eau.. (elles se nourrissent plus loin que les noddis : comme ça, pas d'histoires, il y en a pour tout le monde..!)
Je trouve que cet oiseau est un des plus élégants que je connaisse
Et leur vol majestueux laisse rêveur en sachant qu'il peut durer des mois..
Tant qu'on est dans les sternes , on a vu quelques rares couples de sternes huppées... bien reconnaissables à la huppe noire sur la tête...
Rien à voir avec les milliers de représentants de l'autre espèce...
Leur comportement serait bien plus sédentaire, restant le plus souvent près des sites de nidification et allant pêcher à une distance modérée de 3 kms au large ou elles plongent attraper de petits poissons et des calamars
Ne vivant pas en colonies bruyantes comme les autres sternes qui s'approprient un territoire à elles, on peut les voir avec d'autres éspèces comme ici le courlis corlieu ..
Reconnaissable à son long bec incurvé, le courlis est un oiseau "limicole" (du groupe ainsi nommé des divers petits échassiers qui aiment le sable humide où les étendues boueuses où ils se nourrissent..) On reparlera plus loin de ces oiseaux au comportement migratoire impressionnant..
L'autre oiseau marin majestueux et omniprésent par ses dizaines d'individus planant en cercle à très haute altitude (faisant penser un peu au vol des vautours) .. est la spectaculaire frégate du pacifique (même si on le voit.. il y en a dans l'océan indien !) : le plus grand oiseau de l'île...
Il faut chercher un peu pour les observer de près, en dénichant les arbres qu'elles colonisent par dizaines.. pour observer la différence importante entre les femelles comme ici avec leur gorge blanche..
Et le mâle reconnaissable à sa poche rouge sur la gorge qu'il gonfle spectaculairement pendant la parade nuptiale (mais ce n'était pas la période !)
Les jeunes frégates, elles ont la tête blanche qui foncera ensuite à l'âge adulte..
Comme on le voit faire souvent aux cormorans, elles déploient leurs immenses ailes (plus d'un mètre d'envergure) pour que le soleil réchauffe la température de leur corps qui se refroidit au large et en altitude...
Elles s'envolent ensuite majestueusement pour partir se nourrir au large de leur nourriture préférée, les poissons volants ( ou à défaut de calamars et petits poissons de surface car leurs plumage n'étant pas imperméable.. elles ne peuvent pas plonger dans l'eau)
Et quand elles ne trouvent pas de poissons ... elles sont coutumières de voler la pêche des autres espèces comme les sternes, qu'elles harcèlent pour qu'elles leurs abandonnent leurs proies , voire pour qu'elles régurgitent ce qu'elles avaient dans leur bec en prévision de nourrir leurs petits : on appelle ça du nom savant de klepto-parasitisme !
Enfin, bref... ce sont des voleurs, quoi !
Nos retrouvailles avec les "boobies" , (les fous..) ravivaient de lointains souvenirs des iles Galapagos, mais là-bas il s'agissait des fous a pieds bleus , tandis qu'ici il s'agit des fous à pieds rouges...
L'observation est complètement différente à Bird puisque les colonies sont dans les arbres et non pas à terre comme leurs collègues a pattes bleues qu'on pouvait approcher à quelques centimètres aux Galapagos, les enfants s'en souviennent sûrement...
Néanmoins l'espèce reste très reconnaissable avec leur regard bien à eux ..
Eux aussi vivent une grande partie de l'année au large, en mer avant de venir pour nidifier sans période particulière dans des arbres où ils sont des centaines...
Leur caractéristique, est qu'ils plongent, eux, dans l'eau pour attraper les poissons et qu'ils peuvent "nager" jusqu'à 5 ou 10 m avec leurs ailes !
Retour maintenant aux oiseaux "limicoles" de bord de plage avec un des plus grands d'entre eux, le pulvier crabier scientifiquement appelé du nom étrange de drome ardéole.
Ce grand oiseau de 40 cms est spécifique de l'Océan indien et remarquable par son gros bec pointu, arme redoutable pour "poignarder" les crabes dont il se nourrit... Pour pondre, ne voulant pas s'éloigner des plages ou il peut se nourrir de crabes ... il fait son nid comme eux en creusant un trou dans le sable !!!
Les nids sont dans des colonies de centaines d'oiseaux sur les cotes est de l'Afrique avant qu'ils ne partent ensuite vivre leur vie sur le pourtour de l'Océan indien, comme donc celui-ci a Bird Island
Place ensuite au Becasseau Sanderling, craquant petit limicole qui lui aussi se balade sur la plage pour y chercher sa nourriture dans le sable (petites larves et crustacés..)
On le voit souvent en groupes de 8 à 10 individus farfouillant le sable ensemble à la limite des vagues.
Cet oiseau d'a peine 20 cms nidifie en été au bord de l'Océan arctique avant de traverser le globe pour passer l'hiver sur les chaudes plages de l'autre hemisphere ...
C'est assez fascinant de penser à ce si petit oiseau traversant le monde deux fois par an pour retourner se reproduire dans la toundra arctique où il est né...
Même chose pour le Tournepièrre à collier, ici photographié sur la piste d'atterrissage mais qui fréquente de préférence la plage, souvent en compagnie du bécasseau précédent d'ailleurs...
On voit bien le "collier" noirâtre sur son cou et lui aussi nidifie au bord de l'Océan arctique pour venir hiverner ensuite aux quatre coins du monde...
Il retourne les pierres et les coquillages (d'où son nom!) pour manger les insectes ou petits crustacés qui s'y cachent..
Lui est familièrement appelé colibri des Seychelles ici, du fait sa petite taille et ses ailes qui battent à toute vitesse, mais c'est bien le Souimanga des Seychelles que j'avais déja vu à Mahé petit oiseau endémique des Seychelles jamais très loin des fleurs dont il affectionne le nectar...
Moins exotique mais observée avec plus de facilité ici, une Poule d'eau et son petit visiblement pas bien vieux, suivant maman maladroitement sous la verdure..
Même s'ils sont peu nombreux à Bird, on a retrouvé là-bas notre oiseau emblématique de la réunion, le Paille en Queue (ou Phaeton a bec jaune si vous voulez le trouver sur le site d'ornithologie) et sa silhouette si caractéristique que l'on n'avait jamais observé à la Réunion autrement que dans son vol gracieux en altitude..
Jusqu'à ce qu'on en voie un à Bird à hauteur d'homme, visiblement en recherche de lieu ou faire son nid à seulement 2 ou 3 mètres de nous : saisi par surprise je n'ai pu le photographier.. mais j'ai pris conscience de sa taille qu'on ne voit pas sur les photos en vol.. C'est un gros oiseau en fait de pres de 80 cms et la rencontre .. était très impressionnante !
Et je terminerai par notre chouchou, la délicate Gygis blanche, encore appelée sterne blanche, sans doutes le plus élégant oiseau du séjour ..
Elle a besoin d'îles boisées comme Bird puisqu'elle se reproduit dans les arbres, en partant se nourrir dans des périmètres restreints en restant à proximité des côtes où elle plonge attraper de petits poissons qu'elle peut aligner dans son bec, capable d'en pêcher un alors qu'elle en a déjà un dans le bec !
Son vol est particulièrement gracieux et, peu craintive de l'homme, elle passe souvent se faire admirer tout près des observateurs assis en train de regarder le spectacle...
Les couples perchés sur les branches où ils vont déposer un oeuf à même la fourche d'une branche se câlinent affectueusement (si, si.. ils se câlinent !)
On est resté longtemps à les regarder virevolter autour de nous..
Et c'est avec elle que je vous laisse, vous qui arrivez à la fin de cet article après avoir courageusement été jusqu'au bout !
La Gygis blanche à Bird Island... un moment de grâce offert par la nature...