Chroniques malgaches (2) : Diego Suarez

04.08.2013

M'bolatsara ! (bonjour dans le dialecte du Nord de Mada..)

Comme Antsiranana, son nom malgache reste peu utilisé et que tout le monde parle de Diego...Je ferai donc de même..

Notre périple commence ici, à l'extrème Nord de l'ile, à 1h30 de vol de Tana quand même... par un vol Air Madagascar parfaitement à l'heure, contrairement à la réputation d'horaires fantaisistes et de surbooking de la compagnie qui fait qu'on vous dit d'arriver tres tot à l'aéroport de Tana..ou il n'y a pas grand chose à faire !!!!

A l'arrivée, un aéroport comme on les aime..rustique...et en route pour Diego !

A l'arrivée en voiture, rien à voir avec Tananarive....

Une ambiance nonchalante et somnolente dans la partie "Ex-quartier Francais" de ce qui était jusqu'en 1973 essentiellement un port et une base militaire francaise (Eh oui, l'armée francaise n'a quitté Diego qu'en 1973, alors que l'indépendance "officielle" date de juin 1960, mais ce n'était qu'une indépendance relative, "sous tutelle"...)

Et depuis le départ de l'armée francaise, toute la partie "coloniale" de la ville s'est endormie...

Tout est resté comme figé...

Ici ce qui reste de l'Hotel de la Marine, détruit par un cyclone et laissé en l'état...L'armée malgache a pris possession des quartiers de résidence militaire et tout est... immobile ... en train de se dégrader doucement...

La vie est ailleurs..dans la quartier populaire plus au Sud...Ici il n'y a qu'une étrange ambiance surannée...

Ne restent plus que quelques lieux à l'ambiance insolite, comme ici, la place Joffre où la statue incongrue du soldat surveille les vieux Vazahas échoués en ce bout du monde en quête d'une époque révolue, qui viennent regarder le soleil se coucher..

A la recherche de l'illusion de na pas être au soir de leur vie en voyant s'animer au crépuscule une ronde de jeunes filles en quête d'une vie matériellement meilleure...

La vie des gens , elle est ailleurs... dans le quartier populaire de la ville, avec une note musulmane et de nombreuses moquées, bien plus nombreuses qu'ailleurs dans l'ile, car on est ici dans le territoire de l'ethnie Antakarana, de tradition musulmane, contrairement à Mada ou nous étions chez l'ethnie des hauts plateaux, les Merinas, ceux qui détiennent le pouvoir à Madagascar..

Et effectivement , on note le changement entre des visages plus évocateurs d'Indonésie dans les hauts plateaux et des visages plus..africains... dans cette ethnie côtière..

Et nous apprendrons au fil de nos discussions que les ethnies cohabitent, bien sur..mais que des antagonismes profonds restent figés et immuables...

Le marché, comme dans tous les pays du tiers monde est le lieu de vie..

Avec la particularité d'un marché que vous voyez ici..consacré exclusivement aux plantes et produits médicinaux..

La tradition malgache décrit des vertus médicinales à la grande variété de la flore locale...et ce marché n'est consacré qu'a ça..

Une grande pharmacie en plein air, si vous préférez..

Parce que la médecine traditionnelle dans les hopitaux et clniques..c'est inaccessible à la grande majorité des gens...et ca n'offre pas de toutes façon des soins très poussés !

Alors c'est la médecine traditionnelle qui prévaut..

Ici, pas d'embouteillages !

A part quelques rares 4/4 des Vazahas locaux et des tour opérateurs pour promener les (rares) touristes comme nous, pas de voitures..un luxe totalement inabordable..

Des charettes à bras pour les taches de la vie quotidiennes en ville...

Et pour les déplacements..les taxis..

Tout le monde nous parlait des 4L jaunes des taxis comme la caractéristique du décor traditionnel de Diégo, mais elles sont en voie de disparition , remplacées par ces "Tuk-Tuks" venu d'Asie, meilleurs marchés et consommant moins donc plus abordables qui ont en quelques années occupé l'espace..

Et la vie, est la..de plus en plus difficile depuis que le pays est figé dans la transition depuis 2009, que l'aide internationale est suspendue en attente d'élections sans cesse repoussées, et que plus aucune décision politique, sociale ou économique d'envergure n'est prise...

Les gens se débrouillent comme ils peuvent et voici une échoppe de quincaillerie ou vous voyez les braseros de la cuisine quotidienne, qui se fait en plein air, a coté de la maison parce que le plus souvent, il n'y a qu'une seule pièce...avec quelques grammes de charbon de bois qui se vendent sur l'étal d'a coté...

Bois qui se fait rare...dans cette ile massivement déforestée.

Mais Diego, ce n'est pas que cette ville nonchalante...

C'est une des baies les plus célèbres du monde dont les malgaches s'enorgueillissent qu'elle soit la deuxième du monde après celle de Rio, avec...ici aussi..son pain de Sucre !

La baie est gigantesque avec tout une cote à explorer offrant des activités balnéaires à proposer aux bien rares touristes (on ne se bousculait pas dans des hotels..semi-déserts..) en cette saison hivernale dont il faut savoir que Diego est ensoleillé ..mais ..venté, c'est le moins qu'on puisse dire !

A suivre dans le prochain article...

Veloma !