Après unanatahiti, voici omalareunion : les nouvelles aventures des quinquas sous les tropiques...
Une petite ville de Pologne....
J'en parlai dans un article il y a peu...en voulant rester elliptique pour ne pas vous embêter avec les choses qui me tourmentent...
Et voila que l'actualité revient me toucher en plein coeur... avec des images en boucle à la télé qui me replongent en mai 2006... dans un autobus de retour vers Cracovie depuis la petite ville voisine d'Oswiecim, mondialement connue sous un autre nom... où je viens de passer quelques heures en dehors du temps, avec l'envie de dire quelque chose mais la gorge nouée... comme encore aujourd'hui.
Alors je reprends ce que j'avais laborieusement écrit en 2006 de retour à l'hôtel... avec des photos en noir et blanc... car, comme le disait une déportée dans une interview : à Auschwitz, il n'y avait pas la couleur...
Auschwitz....Birkenau.... Au retour, les mots peinent à sortir... peut-être seront-ils plus faciles à écrire....
Ce voyage, c'était...cette photo archi-connue (mais je l'ai prise quand même) de la voie ferrée qui arrive au camp de Birkenau. La fin de la ligne de chemin de fer et derrière ce porche, m'est revenue cette phrase du seigneur des anneaux : "Nous voici arrivés à la fin de toutes choses"......
Mots qui conviennent exactement à cet endroit et à ce qui s'est passé pour tous ces gens qui ont découverts en arrivant... qu'ils n'étaient plus rien...
Au bout de la ligne de chemin de fer... la sélection sur le quai, les chambres à gaz à quelques dizaines de mètres, dont certains osent encore nier l'existence... et l'élimination, froide, organisée et méthodique de 1,5 millions d'hommes, de femmes et d'enfants en 5 ans.
Pourquoi venir ici, des dizaines d'années plus tard ?
Venir à Auschwitz.... c'est sortir tous ces gens dont on voit les photos, les valises, les chaussures, les brosses à dents... des ténèbres où on a voulu les faire disparaitre : en mettant nos pas dans les leurs, on les sort de l'oubli que l'on avait planifié pour eux.
Venir à Auschwitz.... c'est oser pénétrer dans une chambre à gaz...
Bien sur, c'est un sentiment indicible qui vous marque à jamais... il n'y a pas de mots.....
Mais l'avoir fait, c'est exprimer que l'on est conscient de la faute collective qui est notre héritage, celui de tous ceux en Europe et en France, dans nos familles de l'époque, qui ne voyaient pas d'un mauvais oeil le départ des juifs pour "on ne savait où"...
Et c'est aussi la certitude que tant qu'on sera vivant personne devant nous ne sera autorisé à prendre la parole pour nier ce qui s'est passé..
Venir à Auschwitz..... accompagné des centaines de milliers de personnes qui y passent chaque année, c'est re-dire encore et encore que la solution finale a échoué... parce tous ces gens ne sont pas oubliés et que le traumatisme de ce qui s'est passé ici il y a 70 ans est inscrit dans la conscience de l'humanité.
Venir à Auschwitz..... c'est entretenir l'espoir fragile, que, ce qu'il faut bien appeler notre civilisation, ne puisse plus jamais refaire "ça"..
Pourquoi fragile ? Parce que, sur la route du retour d'Oswiecim à Cracovie, on voit dans des jardins devant des petites maisons des panneaux vantant une radio catholique ouvertement antisémite, se réclamant de 5 millions d'auditeurs et ceci à quelques kilomètres du camp...
Et après ces mots de 2006.... d'autres mots se bousculent devant le téléscopage dans l'actualité des 70 ans de la libération d'Auschwitz avec l'attentat de la porte de Vincennes, conséquence que l'on sait de l'antisémitisme (non plus celui de l'occident chrétien, mais celui issu du conflit israelo-palestinien...)
Et, tout en tournant plusieurs fois les mots dans ma tête avant des les écrire, par prudence sur ce sujet difficile, je ne peux pas rester sans rien dire..
Les survivants de déportés le disent bien au soir de leur vie... leur souffrance est intacte et le traumatisme de la Shoah est ineffaçable... traumatisme qui reste le moteur de la politique de l'état d'Israel justifiant l'injustifiable... par le dogme que les juifs doivent se défendre après qu'on ait voulu les faire disparaitre...
Et des séquelles de la barbarie... est née une autre barbarie, que personne ne pourra taxer d'être analysée par antisémitisme dans cet article, mais qui est un fait..
Les massacres comme Sabra et Chatilah, les opérations "plomb durci" ou autre "bordure protectrice" et leurs milliers de victimes à chaque fois, la prison à ciel ouvert dans laquelle doit vivre un peuple qui manque de tout, dont la colère est alimentée sans fin par l'oppression et la politique indigne de poursuite d'implantations de nouvelles colonies....
Enfermés dans le traumatisme de la Shoah, et la justification qu'il faut "se défendre" l'état d'Israel reste sourd au monde entier scandalisé par ce qu'on fait subir à la Palestine
Et moi, témoin laïc de ces évènements, mais ayant je pense touché du doigt l'indicible avec cette photo d'une paire de chaussures d'une petite fille au milieu des autres, restées rouges dans le noir et blanc de Photoshop, comme une tache sanglante et indélébile de ce qui s'est passé il y a 70 ans...
D'une négation de l'humanité disant qu'une vie aryenne a plus de valeur qu'une vie juive, est né un traumatisme non résolu entrainant une autre négation d'humanité disant qu'une vie juive a plus de valeur qu'une vie palestinienne emportée par une bombe tombée sur son école....
Alors, à l'attention non pas de ses gouvernants mais à l'attention de la partie de la société israélienne qui souhaite la paix, une phrase de Martin Luther King sur un autre traumatisme de de négation de l'humanité, l'esclavage...
"Les ténèbres ne peuvent être effacés par les ténèbres... il n'y a que la lumière qui le puisse..."
Avec toute l'humilité de notre petit blog laïc, je souhaite au peuple juif de sortir des ténèbres, et à l'état d'Israel de devenir un état à la politique humaine, seule garantie que de la barbarie d'il y a 70 ans, les leçons ont été tirées...
Et pour balayer devant notre porte, il faut intimer à l'occident (qui a engendré tout cela et reste, in fine, aux origines du mal), une vigilance éternelle entretenue par la mémoire, car, on le sent bien, la bête ne dort que d'un oeil.....
Je dédie cet article à un très vieux monsieur qui m'avait bouleversé en 2005 et dont le témoignage m'a décidé à affronter ces vérités...
Shalom alekhem, Mr Isaac BORNE....