Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Après unanatahiti, voici omalareunion : les nouvelles aventures des quinquas sous les tropiques...

Elles s'appelaient Sarah....

"On prétend que c'est en revivant , par le souvenir,  toute la complexité des liens avec la personne disparue que l'on peut supporter sa perte, accepter de s'en détacher. C'est exact, la plupart du temps. Mais ce que vivent les gens comme nous, c'est autre chose. Pour nous, le temps du deuil ne cesse jamais, car nous ne souhaitons pas qu'il cesse.

Nous vivons, avec nos morts, dans le sombre rayonnement de nos mondes engloutis."

Sarah Chiche.

Ces vacances qui auraient dû se passer en famille en métropole, se passent donc ici,  à la Réunion, en d'autres compagnies....  Et c'est, conformément au titre de l'article, avec deux Sarah que j'ai passé  ce week end....A la fois si différentes et peut être pas tant que ça, en fait.

Le choc Sarah Chiche, tout d'abord....

Devant ces vacances  désoeuvrées imprévues, j'ai (chose inhabituelle chez moi, c'est plutôt l'apanage de Marianne, d'habitude...) feuilleté les critiques sur la rentée littéraire... Et en lisant le sujet,  j'ai su tout de suite que je serais en résonance avec ce livre.

Les mots sont difficiles à mettre sur des émotions si fortes.. Si  je dis  que ce livre est âpre  et dur tout en crevant d'amour, qu'il est désespéré tout en étant remplit de la  force de vie de l'auteur, qu'il est à la fois solaire et glacé.... qu'il s'agit d'un livre sur la vie au delà d'un  deuil impossible :  est ce que je donnerai envie de le lire ? 

Pas sur... On voit toujours dans un livre ce qu'il fait résonner en vous, et ça ne vaut peut-être que pour moi.  Mais pour moi... c'est allé  très loin... bien au delà de ce qui était pressenti.

Car si un parent disparu dans la petite enfance était annoncé.. Que dire du trouble de l'histoire d'un parent restant qui fait comme il peut avec son histoire cabossée mais qui est bien là, le jour ou il faut vous sauver..., du thème de  l'Afrique du Nord,  d'un chateau à la campagne  en marge du monde, et d'une grand mère... fondatrice ?

Tout ce qui me fait reprendre à mon compte   la citation au début de cet article : pour "les gens comme nous"... faire son  deuil... c'est de la blague. Si  la mort est arrivée trop tôt dans la vie... la vie en question restera ... en marge. On ne sera jamais tout a fait en phase ...toujours un peu à côté... 

C'est quelque chose que personne ne peut comprendre... sauf dans un livre de Sarah Chiche.

Et ce qui m'a peut-être le plus troublé dans le dernier chapitre car je n'y avais jamais pensé...  (le reste...  j'étais un peu au courant  ;-)   Quand elle se retourne vers la vie et reprend sa route.... elle fait des études pour devenir soignante... et  les gens en souffrance deviennent ses compagnons  de route. Et moi.. qui suis devenu médecin, comme par hasard... Ca serait donc....qu'il n'y a pas de hasard ?

Puis.....  rendez-vous avec l'autre Sarah du week end, rendez-vous au départ annoncé plus léger, dans des retrouvailles émues avec le spectacle vivant (nous qui pouvons à La réunion, où le virus se calme un peu..)

Elles s'appelaient Sarah....

Annoncée comme une tornade sur scène au coeur des racines du blues américain, l'atypique Sarah mc Coy, que tous les critiques musicaux présentent comme une  artiste d'exception, était une belle occasion de renouer avec le"Teat plein air"  à St Gilles.

Et tant pis s'il fallait un masque.. et de la distenciation entre les spectateurs : c'était bon de re-partager de émotions avec un artiste sur scène, après tous ces longs mois...!

Sauf que là aussi la mélancolie était au rendez-vous.. Si elle bien est incroyable d'énergie et de communication sur scène... avec une voix qu'on n'oublie pas... et que son concert est un vrai choc.... C'est une artiste atypique cabossée par la vie, qui a été SDF avant de rencontrer le succès par sa musique, son piano et sa présence sur scène,  et ses chansons ne pouvaient pas respirer la joie de vivre et les petits oiseaux..

C'était oublier... que le blues... est le blues... et les douleurs,  les blessures et les deuils.. étaient aussi au rendez-vous de cette Sarah là... Que voulez-vous.. c'était le destin de ce  week end d'être mélancolique... Mais c'était...beau.

Et  pour finir, je resterai dans l'ambiance avec cette phrase qui me poursuit, une fois le livre refermé... L'héroine, dans le cimetière ou est enterrée sa famille, dont le gardien  veut la faire partir car il va fermer..  lui réponds cette phrase saisissante, pour lui dire qu'elle n'arrive pas à partir  :

"Regardez : je suis à ma place, mon nom est inscrit."

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article