Histoire sans fin.....

"Quoi, toujours ce serait.. la guerre, la querelle,

Des manières de roi.. et des fronts prosternés

Et l'enfant de la femme   inutilement né."

Aragon

Comme tant d'autres, nous sommes paralysés d'effroi et de tristesse par ces images d'un autre temps aux portes de l'Europe...

Bien sûr, nous observons depuis longtemps, comme chacun,  les tragédies géopolitiques, les guerres civiles, les affrontements liés aux inégalités Nord Sud, la montée de la violence islamique...

Mais.. ça.... 

Un grand pays moderne qui déclare la guerre a un autre grand pays moderne aux portes d'une Europe impuissante, ce n'est pas possible... c'est un cauchemar...

Lorsque j'étais un ado (dans un autre siècle!) je me suis pris d'une passion pour la seconde guerre mondiale, sans doutes conscient que, étant né 13 ans après la fin de cette guerre, j'en étais quelque part un enfant , avec des parents muets à ce sujet qui l'avaient donc vécu sans jamais en parler , ce qui laissait un vide assez béant...

J'en ai dévoré une encyclopédie en 8 volumes ! Et je me rappelle cette sensation à la fin, d'avoir soldé le passé et que le monde qui serait le mien ne vivrait plus jamais cela...

Et  voilà que je retrouve dans les actualités tout ce que j'avais lu dans le premier tome de mon encyclopédie sur les années d'avant guerre, la montée du nazisme et les évènements depuis l'annexion de l'Autriche jusqu'à l'envahissement de la Pologne, sous les regards impuissants de la communauté internationale... comme maintenant l'annexion de la Crimée et du Donbass avant celle de l'Ukraine

La montée du nationalisme russe après celle du nationalisme allemand, un dictateur impitoyable installé par la terreur , une idéologie monomaniaque de la grande Russie à relever du marasme de la chute du communisme comme celle de la grande Allemagne il ya 80 ans à relever du marasme de la défaite de 1919, une propagande éhontée dans une réthorique fallacieuse de provocations inventées de toutes pièces et niant les évidences,  l'idée même de la démocratie qui est l'ennemi à abattre...

La communauté internationale qui regarde ça impuissante en se réunissant.... à Munich, comme en 1938 ! en  parlant de sanctions économiques dont Poutine  se contrefout et les chars qui franchissent la frontière, les bombes , les morts et la désolation qui ne font sans doutes que commencer....

J'étais certain à 15 ans que mon livre était refermé... convaincu que la démocratie s'étendrait depuis l'Europe réconciliée,  comme une tache d'huile sur le monde....

Et voilà que l'Ukraine est sous les bombes, les civils prennent les armes à Kiev alors qu'ils n'ont jamais tenu un fusil et les démocraties occidentales ne peuvent que regarder les images au journal de 20 heures en votant des sanctions qui ne changeront rien, la première page du journal de la Réunion est pour s'inquièter des hausses de prix possibles...

L'Europe est figée, impuissante et face à elle un nouvel ordre mondial se propose où la Russie et la Chine, entre dictatures qui se comprennent  officialisent la convergence de leurs intérets et leur combat contre la démocratie de par le monde, comme l'Allemagne et le Japon au siècle dernier ( ça s'appelait "l'Axe" à l'époque)

Alors, au moins.... pour les élections qui approchent... que chacun observe en Ukraine le résultat des idéologies nationalistes et ouvre les yeux sur ceux, en France qui les défendent.. dans les meetings et les réseaux sociaux , accusant Emmanuel Macron de dictature (au mieux de parfaits abrutis , au pire des gens distillant sciemment leur poison pour le triomphe d'une idéologie similaire..)

Pour qu'au moins, en France, on ne bascule pas dans cette logique d'un autre âge

Au final que dire ? Moi comme tout le monde, je ne vais pas, révolté par ces images de guerre, prendre un fusil pour aller en Ukraine...

Je rédige seulement un article sur un blog aux 10 lecteurs par jour... pour dire ma douleur avec des photos d'immeubles éventrés par des missiles ce qui ne changera strictement rien...

Mais au moins aux élections qui approchent je ferai tout mon possible pour faire barrage à "celle dont on ne dit pas le nom" et au petit roquet du grand remplacement qui ne font pas mystère de leur admiration pour Poutine et dont on révise tristement  depuis le 24 février où ces idées nous emmènent..

Pour le reste ce ne sont que des mots, comme dirait Aragon ,

qui écrivait, lui,  horrifié par la guerre d'Espagne : 

"Aux cadavres jeté... ce manteau de paroles."